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L’ortu di e lingue, un challenge per infiurisce dumane

Enviado por dominique2a el

Ognunu tene strettu un ortu intimu, un giardinu di tesori tessutu da lingue, sguardi, gesti, essenze, parfumi è altri… E nostre lingue rumane è forse e nostre lingue vicine è\o luntane ci offrenu un giardinu culuritu. U corsu hà fattu e so ripe, e lingue parlate à nantu à l’isula s’ell’ùn anu listessu statutu, nè menu listessi usi, aprenu à cumpunere varie.

U Challenge di e lingue pruposte hè una di ripiglià u chjassu di l’orti, da fà nasce i nostri giardini intrecciati da sumente nustrale è da granelle altre…

Da principià, appruntemu u terrenu, femu un rigiru ver di e parole.

Le versant linguistique du jardin, en corse, les mots pour désigner le jardin, ortu et/ ou giardinu (ciardinu) font référence à un espace clos. Dans les relevés de la base de données langue corse (BDLC, lien internet pour les formes phoniques et les localisations : bdlc .univ-corse.fr ), les réponses à la « question » ‘jardin’(potager) se répartissent en 141 réponses , dont 102 de type /ortu/, 26 de type /giardinu/, /gerdinu/ , /ciardinu/ (San Gavinu di Fium’orbu), 13 de type /chjosu/, ce dernier se retrouve, par ailleurs, dans les 12 réponses pour « la parcelle de terre affectée temporairement à la culture » : campu, chjosu, lenza, mezinata, nuvale, ortu, ruda, nuva, ruvighjone, terra cummunale. Ces dernières font davantage référence au domaine ou à la gestion des cultures. 

Pour la question des cultures potagères, 14 lemmes sont répertoriés : chjosu, lenza, ortu, robba urtulana, giardinaglia, maceghja, ortu prumaticciu, virdura, giardiname, ortaglia, pustime, legumi, ortame, robba di casa. 

On peut noter que /virdura/ issu du latin viridis , racine du mot verger, se retrouve uniquement dans le sens de plantes cultivées et non de terrain planté d’arbres fruitiers. 

Il n’y a pas, comme en français une opposition de valeurs sémantiques entre jardin et potager, même si dans le processus social de la communication actuelle une distinction s’opère entre ortu (potager) et giardinu (agrément). 

Dans les régions d’origine de mes parents (Taravu et Niolu), ortu ne renvoyait pas seulement au potager, et à Corscia, ma grand-mère « andava à u giardinu ». 

La racine indo-européenne, *ghorto « enclos », sert de base de construction au latin hortus, mais également à cohors et cohortis « enclos, basse-cour » et au germanique *gard (allemand garten. Chez les romains, l’hortus renvoyait aux cultures potagères et ornementales, le mot jardin est dans un premier temps emprunté au français par l’italien (jardin > giardino). 

Souvent la racine ort- est associée aux valeurs de la ruralité comme l’attestent les lemmes des cultures potagères (ortame, robba urtulana, ortaglia…, toutefois, dans les expressions et les poésies corses, ortu et giardinu se retrouvent indifféremment.

Dans les extraits proposés ci-après, je donne quelques illustrations de leur emploi.

CASTAGNICCIA (nom de la région)

« È in issu pratu oschjatu 

L’ampiezza d’un male intimu 

S’assecca lu gaglinu 

E mo radiche avvelenate 

Di ciò ch’era statu ortu… »


D.-P. de MARI dit « BRANDONE » 

(Vedi revue : Annu Corsu 1923-24-25) 

Fiori d'Amandulu e Neve 

« L'amandulu di l'ortu chi, eri sera, 

Ci paria cusì biancu, in bona fede, 

— E nivatu sta notte — Cori à vede Cume i so' fiori hanu mutatu cera. »

Una discursata in Paradisu , Jean-Pierre Orliac 

« Cumu spiecà à Fratarellu ch’ellu ci vulia u starghjone per entre in u so ortu cum’è ind’una vera selva ? Ma cumu fà capisce à Cuchjolu chì i so alivi ùn vidianu più a luce impillicciati ch’elli eranu da u lamaghjone ?... 

Cum’è indù un sognu i guardava andà è vene in i famosi prati di l’eternità travirsati da quattru fiumi, furtunati urtulani di u giardinu di i dilizii chjamatu Eden. »

L’ortu se retrouve dans de nombreux proverbes :
Ne pas s'occuper des affaires des autres. Avoir la tête dans le sac/ 
Esse in l'ortu è zappa cù i frati 

Un temps humide et doux /Un tempu ortulanu 

Transpirer à grosses gouttes /Sudà cum'è Cristu in l'ortu 

Cette expression nous permet de passer du Christ au paradis.

On retrouve aussi une attestation de paradisu pour jardin dans les jeux des jeunes filles, « fà u so paradisu », en lien avec le mythe de Perséphone, cet œil creusé dans la terre recelait leurs trésors et elles recouvraient le tout d’une plaque de verre. 

On ne retrouve pas en corse, le nom du jardinier cicéronien, topiarius, ni même les topia de Vitruve. Pierre Grimal les rassemble dans une représentation hypothétique d’un même monde esthétique importé de Grèce, celui du paysage « idyllique ». 

S’agissant de l’étymologie de paradis, le professeur Pierre Lecoq réfère dans son livre, Les inscriptions de la Perse Achéménide, aux parcs aménagés par les souverains mèdes et perses et au mot iranien *pari-daiza (« autour » et « muraille »), donc un lieu clos et préservé. Il ajoute que le sens général de lieu « de félicité et de bonheur » a été utilisé dans la version grecque des Septante comme équivalent du « jardin d’Eden ». 

Je concluerai avec le dernier vers d’une poésie pour les enfants du regretté paul Zarzelli, « pà essa felici cent’anni fatti urtulanu… » (Pour être heureux cent ans deviens jardinier) 

Le jardin est une image d’un monde qu’il nous appartient de fleurir. A ci pruvemu à fà inseme stu giardinu di e lingue  al dillà di u Challenge.

 

Je mets ci-après l’objectif du challenge, que je soumets à vos commentaires, relatif à la constitution en ligne et en « terre » d’un jardin des langues basé sur l’intercompréhension en ligne des langues romanes et autres. 


Le but est de constituer  une équipe (à l’UDCPP et sur la toile)bi ou plurilingue de 2 à 4 personnes (avec au moins un étudiant corsophone )  et de proposer en ligne la création d’un jardin à partir d’espèces corses (2 ou 3) en les identifiant  et de choisir une thématique (et/ou de les croiser), gastronomique, esthétique, littéraire,  botanique… pour  créer en ligne le jardin de l’intercompréhension avec des espèces correspondantes ou équivalentes .  

Il s’agit de proposer une vision créative de l’IC en ligne et de la projeter par le jardin des langues dans un campus à fructifier.

Quelques axes sont proposés pour ouvrir la réflexion :

Des jardins pour nourrir les langues/ des langues pour nourrir les jardins
Plantes d’ici et d’ailleurs, noms, usages…
Mes langues, les langues de mon campus, quelles interactions et perspectives
La place à accorder aux langues  et aux jardins sur le campus.
Espaces réels / espaces virtuels : des sentiers de  rencontres

La mission à accomplir est de franchir les trois étapes :

 

T1

La constitution des équipes se fera en ligne, sur la plateforme Miriadi, début  d’octobre, pendant  un mois.

T2

 Le challenge durera une journée sur la plateforme Miriadi dans le cadre d’une session challenge de 10 heures à  17 heures, début décembre

Le jardin devra se constituer en échangeant dans les différentes langues afin d’obtenir le jardin souhaité.

L’équipe gagnante sera désignée par un vote en ligne à la fin de la journée Challenge .

Le jardin pourra faire l’objet d’une création réelle sur le campus dans  le courant de l’année.


Cun « fiuricia »

Dumenica