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Projet I3 : Intercompréhension, interdisciplinarité et interaction

 

I3 : Intercompréhension, Interdisciplinarité et Interaction

Coordonné par l'équipe de Lyon 2 (M. Alonso, E. Sánchez Albarracín, M. Frontini, S. Garbarino, J.P Giusti), ce projet de formation et de recherche, plurilingue et interdisciplinaire, est destiné à penser et à accompagner l’émergence à l’université de pratiques transversales, hybrides et interculturelles en lien avec la société et le monde professionnel. Il propose des modules en français, en espagnol, en portugais et en italien développés en présentiel et via des supports numériques.

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Le projet « I3, Intercompréhension, Interdisciplinarité et interaction » vise à fomenter des dispositifs de formation hybrides (distanciels et présentiels) et transversaux (plurilingues et interdisciplinaires) capables de rendre compte des enjeux pluriels du monde et de mieux préparer les acteurs en présence (étudiants, enseignant et chercheurs) aux besoins croissants de professionnalisation et d’internationalisation qu’exigent leurs activités respectives. Il prétend mobiliser des savoirs divers (linguistiques, humanistes, scientifiques, sociétaux, théoriques, pratiques, relationnels) mis en partage par les différents membres du projet et à renforcer des partenariats académiques et de recherche autour d’innovations pédagogiques entre les universités partenaires. Ce projet, finalement, co-financé par les programmes PREFALC et CMIRA, veut servir de levier pour la mise en place d'un master international à visée professionnelle mais également ouvert sur le monde de la recherche. 

Partenaires : Université Lumière Lyon 2, Universidad Nacional del Sur, Universidade Federal do Ceará, Universidad Nacional de Cordoba, Università Degli Studi Di Genova, Universidade de Aveiro.
Durée : 2 ans (2016-2017)

Historique du projet

Ce projet s’inscrit dans une démarche de développement et d’approfondissement d’une série de relations initiées par les acteurs du projet au cours des 3 dernières années. Citons notamment :

1-Un projet de partenariat franco-hispano-argentin sur la dimension économique, technologique, sociale et culturelle de la langue espagnole soutenu par la région Rhône-Alpes entre 2012 et 2014 dans le cadre du dispositif Coopera (CMIRA) - http://www.else.edu.ar/sites/www.else.edu.ar/files/imagenes/folletoDEE…

2- Le projet européen MIRIADI (2012-2015) « Mutualisation et Innovation pour un Réseau de l'Intercompréhension à Distance », qui rassemble 19 partenaires avec l’aide financière de l’Agence exécutive "Education, audiovisuel et culture" (EACEA). Il a pour but de contribuer à l’innovation de l’enseignement-apprentissage des langues par la promotion de formations à l’intercompréhension en interaction sur Internet. (http://miriadi.net/)

3- Des journées d’études, des colloques et des congrès organisés par les parties et notamment :

Les colloques internationaux IC 2012 (http://ic2014.miriadi.net/ic-2012/), IC 2014 (http://ic2014.miriadi.net/), les journées d’études DEE (Dimension économique de l’espagnol), les congrès UPLEGESS de 2014 et 2015 et la journée d’étude de décembre 2014 sur l’intercompréhension (http://calenda.org/309577) qui ont associé un certain nombre d’acteurs du présent projet.

4- Le lancement à l’université Lyon 2 du nouveau dispositif de Cours I3 (projet Req Pro 2014-15) et le projet, dans cette même université, d’une nouvelle maquette de Master I3 et d'un projet de Doctorat I3. La création à l’Université Fédérale du Ceará d’un master en études de la traduction (POET) et le développement du master en éducation (FACED), les masters en Langues et Interculturalité, Traductologie et langues et communication Numérique de l’Université Nationale de Córdoba (Lenguas UNC). 

Valoriser l’existant

L'objectif est d'abord de mettre à profit l'existant dans les différents établissements partenaires en France, en Argentine et au Brésil et dans les différentes spécialités: l'enseignement des langues vivantes étrangères pour spécialistes ou non-spécialistes (LEA, FLE, LLCER, LANSAD, en France); l'enseignement sur objectifs spécifiques (pédagogie, langues du droit, de l'économie, des sciences et des techniques, etc.); les pratiques transversales d’intercompréhension (cours plurilingues, traduction, intercompréhension,  pédagogie par projet) ; les formations et les stages visant à développer les compétences interculturelles et interdisciplinaires pour l'innovation économique et sociale et l'animation ou la gestion de projets internationaux. Il est question aussi de mutualiser les ressources numériques (supports de cours Moodle, Tandem, dispositifs en autonomie guidée, etc.) à partir de la plateforme internationale MIRIADI (qui vient d’être finalisée au terme d’un projet européen) pour mettre en place l’ensemble des modules proposés dans le cadre du projet I3 dans les trois modalités envisagées (présentielles, distancielles, hybride). 

De cette manière l’offre de modules « I3 » pourra être beaucoup plus large que l’éventail de cours réduit que permettrait la seule mobilité physique des intervenants. Tous les modules du projet seront proposés selon les trois modalités de fonctionnement souhaitées. Le programme global de la formation sur les deux années pourra être ainsi distribué au mieux en fonction des contraintes financières, matérielles et administratives des différents établissements impliqués dans la coopération.

Car il s'agit bien d'un projet interinstitutionnel dans lequel chaque établissement apporte ses moyens et ses compétences et participe à une définition collective des modalités de la formation.

Cette expérience collective et pratique sur 2 ans nous permettra d’évaluer nos besoins et nos forces pour construire les bases d’un dispositif efficient de master international conforme aux besoins et aux exigences de chaque institution et de chaque pays.

La circulation des savoirs et l’intercompréhension des langues romanes

Penser le plurilinguisme comme un défi pédagogique et épistémologique, tel est aussi l’objectif de notre projet qui vise à montrer que la diversité linguistique constitue toujours un atout plutôt qu’un obstacle, mais un atout dont il s’agit d’abord de maitriser et de comprendre les modes de fonctionnement (méthodes, supports, pratiques). Il n’est pas seulement question de décrire en quoi différents modes de penser, d’argumenter et d’agir, inhérents aux différentes langues, contribuent à la construction et au transfert des connaissances et interviennent dans le contrôle de l’interaction, la résolution de problèmes et la prise de décision mais de favoriser des pratiques plurilingues réelles qui peuvent conduire à approfondir et enrichir les concepts et les cultures scientifiques et professionnelles diverses.

Le tournant numérique qui bouleverse aujourd’hui les pratiques pédagogiques et scientifiques mais également les relations sociales, affecte lui aussi les langues. Pratiquer le plurilinguisme c’est également freiner la tendance réductionniste du tout anglais, l’illusion d’une langue universelle satisfaisant aux exigences de la science, de la technique et du marché. C’est l’un des défis de l’intercompréhension des langues qui constitue une alternative opérationnelle à la lingua franca. Le problème n’est pas seulement politique (impérialisme de l’anglais), écologique (dépréciation potentielle, voire disparition des autres langues) ou psycho-social (déracinement de la langue de communication, perte des références culturelles), il est de nature cognitive et conduit à des impasses épistémologiques. L’idée qu’il peut exister une langue commune pour tous ressemble à cette illusion que l’on pourrait créer un langage commun pour toutes les sciences. Les chercheurs qui travaillent sur l’intercompréhension des langues distinctes ou considèrent que cette approche plurilingue présente, des avantages que l’on pourrait présenter en ces termes : elle est conforme aux facultés linguistique, voir biologiques des individus ; elle est en phase avec les exigences éthiques et démocratiques des sociétés actuelles ; elle est pertinente du point de vue épistémologique et didactique.

Notre projet part de l’hypothèse méthodologique selon laquelle, dans un contexte plurilingue de partage de savoirs, tous les acteurs disposent de ressources cognitives variées (générales, culturelles, situationnelles, comportementales, pragmatiques, scripturales, phonologiques, grammaticales, lexicales) et que les responsables des modules mis en place (enseignants, chercheurs, formateurs de formateurs, etc.) peuvent les aider à développer des stratégies leur permettant de les exploiter. L’avantage que présente l’approche par l’intercompréhension c’est qu’il n’est pas nécessaire d’être soi-même plurilingue pour accéder à des contenus multilingues. Autrement dit, l’intercompréhension prend aussi en charge le monolinguisme, dans un espace interlingue ou coexistent des pratiques monolingues et plurilingues. La compréhension des langues étrangères parentes est ainsi le résultat « d’une série d’opérations cognitives de décodification linguistique qui s’enchaînent dans un processus interprétatif de contextualisation ».

Pourquoi les langues romanes ?

 Les populations du Sud-ouest de l'Europe et de l'Amérique de Sud, si lointaines et si proches culturellement, ont établi depuis des siècles des relations intenses qui ont modelé et dynamisé leur développement démographique, social et économique au niveau local et international.  L’histoire de ces peuples, dans leur rapport au monde occidental, a souvent été gouvernée par les contradictions, les emprunts réciproques, les attirances et les rejets successifs. Les changements planétaires survenus ces dernières années semblent confirmer ces tendances, tout en reversant aussi les perspectives. Tandis que la mondialisation bouleverse l’ordre centrifuge et vertical qui garantissait depuis des siècles la pérennité des transferts et le maintien des dépendances, on observe aujourd’hui des manifestations récurrentes de réappropriation (sémantique, épistémique, politique, économique, sociale et culturelle) des espaces collectifs réels et symboliques. C’est ainsi que les crises, par exemple, tout en suscitant le repli, l’indignation ou la résistance, semblent resignifier aussi les perspectives de l’être, du vivre ensemble et du possible, à travers des processus intellectuels et professionnels de reconstruction autonome et de nouvelles formes d’agir sur le monde.

Le plurilinguisme est pour nous à la fois une pratique linguistique et une stratégie cognitive qui permet d’accéder à un plus large éventail de connaissances produites en version originale, d'échanger plus efficacement des idées et des innovations industrielles, de mieux négocier des contrats et d’évaluer la fiabilité des informations et des connaissances. L’intercompréhension des langues romanes en ouvrant aux acteurs du système universitaire et à ceux du monde économique et social un accès plus direct aux connaissances produites dans les pays du Sud de l’Europe et de l’Amérique Latine, présente des atouts stratégiques pour nos universités (Lyon et Grenoble) situées dans une région qui se construit comme un carrefour économique et culturel du Sud-ouest de l'Europe et qui cherche à devenir une plateforme privilégiée des échanges avec l'Amérique Latine. Pour les universités argentines de Bahia Blanca (UNS) et de Córdoba (UNC) et brésiliennes de Fortaleza (UFC) et Natal (UFRN) l’approche par les langues romanes qui fondent leur histoire identitaire et culturelle (espagnol, français, italien, portugais) présente un double intérêt, à la fois comme vecteur d’échanges avec les pays du Sud de l’Europe et dans le cadre de l’intégration régionale latino-américaine.